L'opération Market Garden est une opération militaire alliée essentiellement aéroportée de la Seconde Guerre mondiale qui se déroula en septembre 1944. Il s'agissait d'une tentative principalement menée par les armées britanniques de prendre des ponts franchissant les principaux fleuves des Pays-Bas occupés par les Allemands. Le succès aurait permis aux Alliés de contourner la ligne Siegfried et d'accéder à l'un des principaux centres industriels du 3e Reich, la Ruhr, et donc de terminer plus rapidement la guerre.
Cette opération proposée par le maréchal britannique Montgomery avait rencontré l'opposition des généraux américains Patton et Bradley, qui voulaient continuer leur offensive au sud. Ils avaient encore en mémoire les paroles du vainqueur d'El Alamein qui se faisait fort de s'emparer de Caen dès le soir du 6 juin 1944, alors que la ville n'était tombée que le 21 juillet. En fait, la vraie motivation du Field-marshall britannique tenait plus du domaine de l'ego que d'une réelle logique stratégique. Selon les témoignages rapportés par le journaliste américano-irlandais Cornelius Ryan, la mésentente entre le commandant en chef du 21e Groupe d’armées britanno-canadiennes et le général Dwight Eisenhower, commandant en chef des forces alliées en Europe, atteignait à cette époque des sommets et l'on n'était pas loin du point de rupture entre ces deux fortes personnalités. Ainsi, Montgomery1 se propose de lancer une puissante offensive au nord du front, manœuvre qui devra permettre de contourner le Westwall et de déboucher ultérieurement sur le bassin de la Ruhr, cœur économique du Troisième Reich. Ce plan est soutenu par le cabinet de guerre et l'état major impérial. Winston Churchill est loin d'adhérer aux prévisions des services de renseignements qui décrivent une Wehrmacht au bord de la rupture. Le premier ministre de sa Majesté tempère donc l'excès d'optimisme de ses généraux, en adressant une note au Général Ismay, secrétaire du comité des Chefs d'état-major, dans laquelle il avertit notamment : « Il ne faut pas sous estimer l'effet galvanisant que produira sur le moral de l'ennemi le fait de faire front à la lisière du sol natal ». Le plan a été soumis à Eisenhower dès le 13 août 1944. Les trois mois de batailles ayant suivi l'invasion se sont traduits par une consommation énorme en munitions, en carburant et en ravitaillement. Une situation d'autant plus préoccupante que les ports de déchargement, ceux d'Arromanches et de Cherbourg, sont trop loin du front. Or les villes portuaires les plus proches sont inutilisables : Rouen est en ruine, Le Havre et Dunkerque sont encore solidement tenues par les garnisons allemandes. Enfin, libérée le 5 septembre, Anvers est inexploitable car la 70e division d'infanterie allemande occupe encore les rives de l'Escaut. À la lumière de ces éléments, sachant qu'une offensive généralisée ne peut être déclenchée, Eisenhower accepte le plan de Montgomery. Si cette opération avait entièrement réussi, elle aurait peut-être raccourci la durée de la guerre et ouvert de nombreuses et intéressantes opportunités militaires et politiques aux Alliés. Mais ses objectifs finaux ne furent pas atteints malgré la libération d'une partie du territoire néerlandais et la création d'une base d'opérations qui nécessitera un nombre important de troupes pour la conserver, lors de la bataille de l'Escaut menée par les forces canadiennes.