Le Siège d'Almeida eut lieu du 25 juillet au 27 août 1810
Situation géographique
Almeida est une ville portugaise fortifiée à la frontière avec l’Espagne à une quarantaine de kilomètres de Ciudad Rodrigo. En 1810, elle compte 1500 habitants. Une partie de la ville se trouve derrière les murailles de la forteresse construite pendant les guerres de restauration. Construite sur le site d'un ancien château médiéval, la forteresse domine un terrain rocheux.
La forteresse d'Almeida est l'une des plus imposantes du Portugal. Elle est située sur une des plus haute colline de la région. Censée protéger le pont qui traverse la Côa, la forteresse se situe en fait à 2 km, hors de vue de celui-ci. Au cours des siècles, Almeida a joué un rôle important dans la défense de la frontière.
Contexte historique
Dans sa lutte contre l'Angleterre et sa tentative d'isolement de l'île, le Portugal représente un obstacle. Celui-ci restant fidèle à son ancienne allié et ce malgré les pressions exercées contre lui. Il nomme Masséna, maréchal prestigieux, pour commander la troisième tentative d'invasion du royaume. Cette invasion va voir les 65 000 hommes de Masséna affronter les 50 000 hommes de l’armée de Wellington.
Située sur la route qui va de Salamanque à Lisbonne, sa prise par les troupes de Napoléon, après celle de Ciudad Rodrigo doit assurer aux troupes françaises la communication avec leur base en Espagne. La Division Légère de Craufurd tentera de retarder l'avancée française avec la bataille de la Côa.
Ce n'est qu'alors que débute le siège d'Almeida, alors commandée par le colonel William Cox, par le VIe CA du Maréchal Ney; il durera 13 jours (du 15 au 28 août 1810). Une forte explosion de la poudrière d'Almeida laisse la forteresse sans défense et oblige Cox à capituler. Cette victoire obligera les troupes anglo-portugaises, incapable de faire front, à battre en retraite vers Buçaco pour y préparer la bataille suivante.
Déroulement du siège de 1810
Après le succès du siège de Ciudad Rodrigo et celui de la bataille de la Côa, l’armée française entama le siège d’Almeida le 25 juillet 1810 avec 14 000 hommes d’infanterie, 1 000 cavaliers, 1 000 artilleurs avec 100 canons du VIe corps sous les ordres de Ney. La ville assiégée était défendue par une garnison portugaise de 5 000 hommes (24e bataillon d’Infanterie, un escadron du 11e Régiment de Cavalerie et trois bataillons de milice) commandée par le général de brigade britannique William Cox.
Les Français font d'abord parvenir une lettre au gouverneur de la forteresse dans laquelle ils exigent la reddition de la place. William Cox refuse et laisse claire sa volonté de résister le plus longtemps possible.
Almeida est en effet bien pourvue en vivres et en munitions. Wellington espère que la place résistera au moins jusqu'à septembre, début de l'époque des pluies qui ont l'habitude de laisser les routes impraticables. Cela ajouterait aux difficultés des Français dans leur marche vers Lisbonne et leur besoin de se ravitailler. En outre, le temps gagné devait permettre d'avancer la préparation des Lignes de Torres Vedras. C'est pourquoi, la place avait été si soigneusement préparée.
La quasi totalité de la poudre et des munitions était entreposée dans une dépendance à l'épreuve des bombes de l'ancien château. À l'exception de quelques fosses et casiers humides situés dans l'un des bastions, il n'existe pas d'autres entrepôt de poudre. Cela signifie que des transports fréquents de barils de poudre devront être faits entre les dépendances du château et les bastions où se trouve l'artillerie.
Les généraux français choisirent le bastion de São Pedro (dans la partie sud-est de la place) qui semblait offrir les meilleures conditions pour attaquer. Jusqu'au 15 août, ils espèrent voir arriver de Ciudad Rodrigo l'artillerie lourde, le matériel nécessaire aux travaux du Génie ainsi que des munitions et de la poudre sans quoi il leur serait difficile de conquérir Almeida.
Une première tranchée est construite à près de 550 mètres du bastion de São Pedro. Des milliers de sacs parviennent de Salamanque pour être remplis de terre. Les tranchées devaient être formées en grande partie à l'aide de ce matériel, la zone étant de nature rocheuse et donc très difficile à creuser. Depuis la forteresse, on va chercher à rendre difficile au maximum les travaux préparatifs du siège à l'aide de l'artillerie. Le 24 août, les Français tentèrent bien de construire une seconde ligne parallèle, mais la puissance de feu de l'artillerie les en empêcha. Ce n'est que le 26 août qu'ils parviennent à terminer l'installation de l'artillerie (11 batteries; plus de 50 gueules de canon) le long de la première ligne.
Les batteries ouvrent le feu à 6h00 le 26 août. Au long de cette journée, 6177 obus d'artillerie sont lancées et près de 9 tonnes de poudre consommée. Vers 19h00, un obus français explose dans la cour de la forteresse provoquant l'ignition d'une traînée de poudre laissée par un baril mal fermé durant son transport entre le fort et le bastion. Un baril explose, provoquant l'explosion en chaîne des autres barils et des cartouches de l'infanterie entreposées dans le fort. L'effet est dévastateur: on peut encore aujourd’hui constater les conséquences de cette explosion qui détruisit le château fort ainsi qu’une partie des remparts.
Près de 500 hommes (dont 200 artilleurs) trouvent la mort dans cette explosion. Les dégâts matériels sont très importants. Lors de l'explosion de grands blocs de pierre sont projetés jusque sur les tranchées françaises, blessant et tuant quelques soldats français. Certaines armes, de gros calibre, sont jetées hors de leur position. Une partie du bourg d'Almeida disparaît, tandis que le reste est très endommagé. Seules 6 maisons ont conservé leur toit. Il reste 4000 hommes pour la défense de la place mais seulement 39 barils de poudre, une centaine de projectiles et près de 600 000 cartouches pour les mousquetons (150 tirs par homme). Seul 200 artilleurs ont survécu à l'explosion. Les conditions sont manifestement insuffisantes pour tenir les Françaises loin des murailles mais Cox décide de prolonger la résistance aussi longtemps que possible.
À 9H00 le 27 août, un émissaire de Massena se rend à la forteresse pour parler avec Cox et le convaincre de se rendre. Cox accepte d'envoyer une délégation auprès de Massena afin de connaître les conditions qui rendrait possible une capitulation.
Pendant ce temps quelques officiers portugais faisant partie de l'état-major de Massena – notamment le Général Marquis d'Alorna et le Général Pamplona - s'approchent des murailles et parviennent à parler avec certains officiers et soldats. Ils leur conseillent de se rendre prétendant que Wellington ferait avec eux ce qu'il avait fait à Ciudad Rodrigo (Wellington n'est pas venu au secours de la ville car son armée étant numériquement inférieure à l'armée française, il ne voulait pas risquer une bataille en terrain ouvert). Le découragement qui s'était emparé de nombre d'entre eux après l'explosion des poudrières les amenait à prêter l'oreille aux officiers de Massena.
Pour la réunion avec Massena, on choisit le major d'artillerie Fortunato José Barreiros et le capitaine Pedro de Melo. Le major Barreiros refuse de rentrer à Almeida. Il va même jusqu'à raconter aux Français les difficultés vécues par la place.
Les conditions que Cox pose à sa reddition ne sont pas acceptées par Massena et, vers 19h00, le 27, les bombardements reprennent.
Le second commandant de la place, Costa e Almeida, accompagné de quelques officiers portugais, annoncent au gouverneur, le colonel Cox, qu'ils considèrent toute résistance vaine et que, dans ces conditions, il fallait réunir un conseil de guerre afin d'analyser la situation et étudier la proposition à faire à Massena. Cox n'a pas d'autre choix que de réunir ce conseil. Cette même nuit, entre le 27 et 28 août, une proposition de reddition est envoyée à Massena. Vers 23h00 la capitulation est annoncée.
Les termes de la reddition prévoient que les troupes régulières seraient envoyées en France comme prisonniers de guerre et que les militaires des trois régiments de miliciens seraient autorisés à rentrer chez eux après s'être engagé à ne plus s'engager dans cette guerre. La garnison quitte la place le 28 au matin. L'accord de capitulation est aussitôt rompu. Massena charge le marquis d'Alorna et le général Pamplona de les convaincre d'entrer au service de la France. Aux officiers, il promet le même poste. Presque toute la troupe régulière et près de 600 miliciens acceptent. Alorna parvient à organiser une brigade avec trois bataillons qui prend le nom de Seconde Légion Portugaise. Cependant, la grande majorité des hommes, officiers inclus, désertent dans les trois jours qui suivent, parfois par groupe de 200 à 300. Ceux que les Français parviennent à garder prisonniers sont envoyés en France avec Cox et les officiers qui avaient refusés les offres d'Alorna.
Pour Wellington ces désertions sont un motif de préoccupation car le doute subsiste alors sur la fidélité de ces officiers et soldats. Ils seront néanmoins réintégrés à leur poste dans l'armée après une proclamation de la Régence. Quant aux officiers qui avaient poussé Cox à la capitulation et au major Barreiros qui avait déserté, leurs noms seront ajoutés à ceux ayant rejoint l'état-major de Massena durant cette campagne dans l'accusation présentée au tribunal militaire (Junta de Inconfidência).
Tous seront jugés coupables de trahison et condamnés à mort le 22 décembre 1810. Seuls deux officiers furent capturés et exécutés: João de Mascarenhas, adjudant de camp du marquis d'Alorna, ainsi que Costa e Almeida, second commandant d'Almeida.
Durant le siège, la garnison perd près de 600 hommes, la plupart durant l'explosion des poudrières. Côté français, on compte 58 morts et 320 blessés, dont certains atteints par des pierres durant l'explosion.
Cette victoire ouvre la route de Lisbonne à Massena. Avant un mois, il aurait tout de même à affronter l'armée de Wellington à la bataille de Buçaco.
Source Wikipédia