La bataille de Rorke's Drift est livrée les 22 et 23 janvier 1879, pendant la guerre anglo-zouloue. Quelques heures après le désastre d'Isandhlwana, une poignée de soldats britanniques retranchés dans une ferme sont attaqués par près de 4'000 guerriers zoulous et repoussent tous les assauts à la suite d'une lutte acharnée.
Le site
Il se trouve sur la rive sud de la rivière Buffalo, ou Mzinyathi en zoulou, qui constituait la frontière entre la colonie du Natal et le Zululand dans la région. Elle est le plus important affluent de la rivière Tugela, dont le confluent se trouve à une vingtaine de kilomètres au sud-est.
L'endroit était un lieu connu avant la bataille. C'est par là que l'armée britannique a pénétré dans le Zoulouland le 11 janvier à l'ouverture de la guerre pour rejoindre Isandhlwana.
La bataille
À 15h00, des rescapés de la bataille d'Isandhlwana avertissent une compagnie du 24th Regiment of Foot, qui stationne à Rorke's Drift, de la défaite. Cette mission a été transformée en hôpital militaire par les Britanniques. Le Lieutenant John Chard est responsable des lieux. Il fait fortifier les bâtiments avec des planches, divers matériels et matériaux, des sacs de sable ainsi que deux chariots et il fait aussi percer des meurtrières dans les murs. Il dispose d'environ 170 hommes valides et de 20 000 cartouches. Les fuyards abandonnent leurs camarades et continuent leur fuite.
À 16h20, un régiment frais de Zoulous arrive à Rorke's Drift. Il est commandé par le prince Dabulamanzi, frère du roi Cetewayo, qui désobéit à son roi en se lançant à l'assaut d'une position fortifiée. Dabulamanzi lance la première attaque dès 16h30 mais les Britanniques repoussent les Zoulous grâce à un feu nourri. Les guerriers zoulous se replient et contournent la place par le nord pendant que d'autres occupent les Britanniques en les arrosant de tirs peu précis de fusils et de vieux mousquets. Le second assaut a lieu à la tombée de la nuit.
Les Zoulous chargent et arrivent à entrer dans l'hôpital et à y mettre le feu. Les Britanniques détruisent alors des murs en boue séchée à coups de pioche et parviennent à sortir. Ils se fraient un chemin parmi les lignes zouloues à l'arme blanche et reviennent dans la cour avec les blessés, abandonnant ainsi l'hôpital devenu une vraie fournaise. Le manque de munitions commence à ce moment à se faire cruellement sentir, les soldats étant obligés de repousser les Zoulous à coups de baïonnettes.
La nuit tombant, les Zoulous n'ont toujours pas brisé le moral des défenseurs. Ces derniers sont acculés à l'entrepôt et à un cercle formé par des sacs de sable. La nuit est tombée depuis plusieurs heures et les Zoulous préparent une dernière attaque à l'est. Mais l'obscurité qui doit gêner les tireurs est contrebalancée par les flammes s'élevant de la ferme. Vers 4h00 du matin cet ultime assaut est repoussé. Il était temps pour les Britanniques : ils ne disposent plus que de 900 cartouches.
Peu après, les sentinelles détectent une colonne anglaise et les Zoulous, dépités, doivent abandonner les lieux et 351 morts. Les Britanniques déplorent 14 blessés et 17 tués.
Un Appenzellois (Suisse) de Berne vainqueur des Zoulous
La bataille de Rorke’s Drift en 1879 est pour l’histoire militaire britannique un jalon glorieux de la conquête sud-africaine. Un caporal suisse y prit part aux côtés des Anglais avec un courage et une efficacité si remarquables que la Royal British Legion lui rend aujourd’hui honneur
L’histoire militaire se rit des modes et des idéologies. Les batailles qu’elle raconte apparaissent comme des événements immuables et factuels. Quoi qu’on puisse en penser a posteriori, elles ont eu lieu, ce sont des objets historiques réels, saisissables par la mesure du sang versé. Tant de morts d’un côté, tant de l’autre. Un vainqueur, un vaincu. Une bonne stratégie et une mauvaise. Chaque bataille reste comme un moment à part, crucial, provisoirement détaché des circonstances qui l’ont provoquée. On se souvient du nom, presque plus du motif. Marignan, Solferino, Waterloo, Kappel…
La bataille de Rorke’s Drift est pour l’histoire militaire britannique un jalon glorieux de la conquête sud-africaine. Pour les Zoulous qui l’ont perdue, elle marque le début de la fin de leur royaume. Un Appenzellois de Berne, Christian Ferdinand Schiess, s’y est trouvé mêlé du côté anglais. La section suisse de la Royal British Legion souhaite que cela se sache. Elle a approché le Musée des Suisses de l’étranger, au Château de Penthes, à Genève, afin que soit dressée une vitrine en son honneur. Celle-ci sera inaugurée le 14 octobre. Le clou en est une copie de la croix de Victoria (Victoria Cross) décernée au caporal suisse le 3 février 1880 à Pietermaritzburg, capitale du Natal, pour sa vaillance (gallantry) face à l’ennemi. Schiess est le premier non Britannique à avoir été décoré de la sorte, et le premier Suisse bien entendu. La Royal British Legion souhaite aussi que cela soit bien mis en avant.
On sait peu de choses sur Christian Ferdinand Schiess. Il est né le 7 avril 1856 à Berthoud où son père, venu d’Appenzell, travaille la pierre. Famille modeste. Des frères, des sœurs? Mystère. Selon une recherche de Benedikt von Tscharner, le président de la Fondation pour l’histoire des Suisses de l’étranger, le jeune homme s’embarque en 1877, à 21 ans, pour l’Afrique du Sud. Dans quel but? Veut-il s’embaucher comme soldat? On ne sait pas. Toujours est-il qu’il se retrouve dans une troupe auxiliaire de l’armée britannique, le Natal Native Contingent, composée d’Africains et d’aventuriers divers. Celle-là même qui est envoyée en janvier 1879 avec les forces du baron Chelmsford (6500 Anglais, 9000 Africains) se frotter aux 40?000 guerriers zoulous du roi Cetshwayo dont l’Empire britannique veut la soumission. La première bataille, à Isandlwana, est catastrophique pour les Anglais. On ignore si Schiess y a participé. Mais dans la deuxième, près de là, au lieu-dit Rorke’s Drift, une mission suédoise sur la Buffalo River transformée en dépôt et infirmerie, il est parmi la centaine de soldats qui repoussent 4000 Zoulous au terme de dix heures de combats féroces. L’histoire rapporte que, malgré un pied infecté, il tue plusieurs agresseurs à la baïonnette et ramène des camarades blessés à l’infirmerie. Un héros.
Source Wikipédia