Les guerres d'Italie sont une suite de conflits (11 guerres) menés par les souverains français en Italie à partir de la fin du xve siècle et au cours du xvie siècle pour faire valoir ce qu'ils estimaient être leurs droits héréditaires sur le royaume de Naples, puis sur le duché de Milan.
Origines
Le royaume de Naples, jusqu'en 1442, est aux mains de la maison d'Anjou, maison cadette des Capétiens. À cette date, l'Aragon avec le roi Alphonse V en prend le contrôle. La maison d'Anjou essaie alors sans relâche d'en reprendre possession. Son dernier représentant, René d'Anjou meurt en 1480 : ses droits sur le royaume de Naples passent alors au royaume de France, où règne Louis XI, puis, à partir de 1483, Charles VIII.
Charles VIII doit faire d'importantes recherches dans les archives pour prouver le bien-fondé de ses prétentions, d'autant plus que la maison d'Anjou a perdu ses possessions napolitaines en 1442. Ce legs comprend aussi le royaume de Jérusalem, qui sera occupé par les mamelouks jusqu'en 1517. Trois traités diplomatiques assurent à la France la neutralité de l'Espagne par le traité de Barcelone en 1493 (Ferdinand II d'Aragon récupère le Roussillon et la Cerdagne), de l'Angleterre par le traité d'Étaples en 1492 et de l'empereur Maximilien par le traité de Senlis en 1493. Dans ces derniers accords, Charles VIII renonce à la Franche-Comté, dot de l'ancienne fiancée du roi Marguerite d'Autriche, mais que Maximilien a déjà récupérée.
En 1486, certains barons du royaume de Naples, restés fidèles aux Angevins, se révoltent. Vaincus ils se réfugient en France. Les monarques français vont alors essayer de faire valoir leurs droits pendant près de 60 ans.
Charles VIII est en outre incité à se rendre en Italie par Ludovic le More, tuteur du duc de Milan Jean Galéas Sforza. Ludovic le More est inquiet de la rupture possible de l'équilibre en Italie : l'alliance formée dès 1467 par Florence, Milan et Naples, pour lutter contre la puissance vénitienne, bat de l'aile et Pierre l'Infortuné, le successeur de Laurent le Magnifique, se rapproche du royaume de Naples.
En outre, le projet de Charles VIII est discrètement soutenu en Italie même par une faction, à la tête de laquelle se trouve « le cardinal Giuliano della Rovere le futur Jules II, comptait sur l'appui des Français pour faire déposer le pape régnant Alexandre VI Borgia ».
Première guerre d'Italie (1494 – 1497)
Allié au duché de Milan, Charles VIII part de Grenoble et franchit le col de Montgenèvre le 2 septembre 1494. Son projet, à la fois ambitieux et irréaliste consistait, une fois maître du royaume de Naples à entreprendre une nouvelle croisade contre l'Empire ottoman de Bajazet, dont le but final n'était rien moins que la reconquête de Jérusalem.
L'armée française qui pénètre en Italie est composée de la garde rapprochée du roi, formée par deux cents cavaliers, une cavalerie de 1 600 lances, 12 000 fantassins (dont 6 000 Suisses et 3 000 Gascons) et surtout une artillerie de 70 pièces, légères et maniables, tirant des boulets de bronze ou de cuivre à cent coups à l'heure.
Les Français avancent rapidement et atteignent la ville d'Asti le 9 septembre. Parallèlement, à Rapallo, près de Gênes, les troupes franco-milanaises commandées par Louis d'Orléans, appuyées par la marine française, mettent en déroute une armée de 5 000 Aragonais, fraîchement débarqués dans le port de Gênes. Victime de la petite vérole, Charles VIII ne peut pénétrer dans Gênes avant le 6 octobre.
L'armée française continue alors en direction de Naples : le 20 octobre, les Français prennent Mordano, en Romagne, et y massacrent civils et soldats ; le 26, c'est le bourg de Fivizzano qui subit le même sort. Les Italiens sont terrorisés, et après négociation, Florence est prise sans combat le 17 novembre. Les Français la quittent le 28 du même mois et entrent dans Rome le 31 décembre où ils sont accueillis triomphalement. Charles VIII se fait remettre par le pape Alexandre le propre frère du sultan Bajazet, Djem. Celui-ci avait combattu sans succès Bajazet pour recueillir l'héritage de leur père, le sultan Mehmed II. Afin d'échapper à la vindicte de son frère, Djem avait d'abord trouvé refuge chez les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Rhodes, et ceux-ci l'avaient ensuite confié au pape. Charles VIII comptait sur Djem pour rallier des musulmans à sa cause et combattre Bajazet. L'aventure n'aura pas de suite, car Djem mourra quelques semaines plus tard.
À la mi-février 1495, le roi Alphonse II de Naples abdique et Ferdinand II lui succède. Ce dernier doit fuir devant l'arrivée des troupes françaises le 22 février 1495. Des nobles italiens, nostalgiques de la période angevine et convaincus de la justesse des prétentions de Charles VIII se rallient à lui avec leurs hommes d'armes et agissent en condottieres. Ils se contentent de la solde du roi. L'occupation militaire de Naples sera l'occasion pour de nombreux soldats de contracter un mal alors inconnu: la syphilis.
L'arrogance de l'occupant français provoque l'hostilité de la population. En outre, une alliance anti-française, se constitue dans le Nord à l'instigation de Venise. Charles VIII décide de quitter Naples le 20 mai 1495 avec le gros de son armée. Gilbert de Montpensier, devenu vice-roi, y demeure à la tête d'une garnison française.
Resté en Lombardie avec une partie des troupes, Louis d'Orléans, bien qu'ayant reçu l'ordre de ne pas attaquer le duc de Milan Ludovic le More, ne peut résister à l'envie de s'emparer de Novare. Il y entre le 10 juin 1495 et y est très bien reçu par les habitants, mais ne pousse pas jusqu'à Milan, pourtant peu défendue et sans doute prête à l'accueillir de la même façon.
Le retour vers la France de Charles VIII s'effectue dans des conditions difficiles. Le roi, ayant quitté Naples avec une armée diminuée (il n'a plus que 9 000 hommes avec lui), fait traverser à grand-peine les Apennins à son artillerie et arrive près de Fornoue le 5 juillet. Rattrapé par l'armée coalisée, forte de 35 000 hommes et commandée par le marquis de Mantoue, François II, Charles VIII est obligé d'accepter le combat. Le 6 juillet se déroule la bataille de Fornoue où les Français, malgré leur forte infériorité numérique, remportent une relative victoire leur permettant de poursuivre leur retraite.
L'armée arriva à Asti dans un état de délabrement certain. Louis d'Orléans, enfermé avec ses troupes dans Novare par les 30 000 hommes de Ludovic le More et en proie à la famine, appelle à l'aide son cousin, qui part à son secours sans lui tenir rigueur de son insubordination.
Des négociations s'ouvrent entre les deux parties, qui conduisent à la paix de Verceil, signée le 9 octobre 1495. Louis d'Orléans évacue Novare avec ses 5 500 hommes majoritairement suisses dont un grand nombre, trop affaiblis, meurent peu après. Le traité de Verceil accorde au roi de France des espérances chimériques, et laisse en réalité le champ libre au duc de Milan.
Pendant ce temps, les Français laissés sur les débris du royaume de Naples combattent pour en conserver la possession. Ferdinand II débarque en Calabre et les assiège dans Naples. Montpensier s'enferme dans les châteaux en attendant les secours de France. Ceux-ci tardent à arriver : Ludovic le More ne tient pas son engagement d'envoyer une flotte pour acheminer leur troupes vers Naples et Charles VIII est à court d'argent. Le coût de son expédition en Italie aurait dû être partiellement couvert par des dons des Florentins, dons conditionnés au retour sous leur contrôle des places fortes prêtées au roi. Ces places fortes sont finalement vendues à Lucques, Venise, Gênes ou Pise, après la trahison du commandant français en Toscane, Robert de Balzac. Charles VIII se voit donc contraint à rembourser les prêts florentins, et ne reçoit pas de nouveaux fonds de cette ville.
Gilbert de Montpensier, en désespoir de cause, embarque avec la quasi-totalité de sa garnison et se rend à Salerne. L'armée du comte, composée en grande partie de mercenaires allemands et italiens, manquant souvent de vivres et n'ayant pas reçu sa solde depuis fort longtemps, se laisse enfermer par Ferdinand II dans la petite ville d'Atella. Une partie des mercenaires allemands fait défection, poussant les Français à la capitulation. L'armée française retenue prisonnière est décimée par la maladie et la faim.
L'Espagne, engagée dans la ligue de Venise en violation du traité de Barcelone, attaque le Languedoc à plusieurs reprises courant 1496. Des négociations en vue d'obtenir une paix séparée avec l'Espagne occupent une partie de l'année 1495, toute l'année 1496 et le début de 1497, aboutissant à la signature de la trêve d'Alcalá de Henares le 24 novembre 1497.
Charles VIII, toujours désireux de reconquérir le royaume de Naples, entretient des intelligences avec les princes d'Italie dont les États peuvent lui ouvrir de nouveau le chemin de ce royaume. Le duc d'Orléans contribue cependant à faire naître des obstacles aux projets du roi, qui meurt en 1498 sans assouvir ses rêves de revanche.
Source Wikipédia